Epuration ethnique des Rohingyas en Birmanie : un sujet encore peu traité par les médias

Très peu médiatisé tant sur le plan national qu’international, la campagne « d’épuration ethnique » des Rohingya en Birmanie est un sujet qui s’est fait plutôt discret jusqu’à maintenant. Mais entre le récent buzz autour de Pékin Express sur les réseaux sociaux et le prix Pulitzer qui vient d’être décerné à l’agence de presse Reuters, la situation médiatique pourrait bien finir par évoluer.

Tweet en faveur des Rohingyas. Sur la pancarte, on peut lire "Pourquoi le monde est silencieux, s'il vous plaît arrêtez les violations des droits de l'homme dans l'Arakan"

Tweet de soutien envers les Rohingyas. Sur la pancarte, on peut lire « Pourquoi le monde est silencieux ? S’il vous plaît arrêtez les violations des droits de l’homme dans l’Arakan »

 

Considérés comme 
la population 
la plus persécutée 
au monde par l’ONU, les Rohingyas birmans, une minorité musulmane originaire principalement de l’Etat de l’Arakan, ont été privés de leur nationalité en 1982. Cette minorité musulmane se voit donc confrontée à un nettoyage ethnique de la part du gouvernement. Selon le président birman Thein Sein, « les Rohingyas sont des clandestins venus du Bangladesh », et ne sont donc pas considérés comme des citoyens à part entière. Aucune carte d’identité ne leur est d’ailleurs délivrée depuis 1982.

La célèbre émission de télé réalité Pékin Express a récemment défrayé la chronique pour avoir tourné une partie de sa prochaine émission en Birmanie. Certains téléspectateurs appellent en effet au boycott de l’émission, s’insurgeant contre une médiatisation d’une région où se déroule en ce moment même le génocide des Rohingyas, qui se fait dans le silence le plus total. Sur twitter, un hastag #contrepékinexpress2014 a d’ailleurs vu le jour.

L’une des plus prestigieuses récompenses au monde qui distingue le travail de journalistes américains, le prix Pulitzer, a en effet été décerné à l’agence de Presse Reuters, dans la catégorie  « reportage international » pour ses « reportages courageux » sur les « violentes persécutions contre les Rohingyas, minorité musulmane en Birmanie », lundi 14 avril dernier.

Certains Etats de la Birmanie sont en effet encore difficiles d’accès pour les journalistes, ce qui peut expliquer en partie la faible médiatisation du génocide. Cependant, la situation semble être en train de changer. Il y a un an déjà, le Parlement Européen s’était prononcé en faveur de l’ouverture aux journalistes des zones sensibles de Birmanie, notamment l’Etat d’Arakan. Reporters Sans Frontières a d’ailleurs appelé à cesser « la désinformation autour des sanglantes émeutes qui ont secoué la Birmanie en grande partie sous le regard passif des forces de sécurités. » Certains journalistes étrangers qui étaient venus couvrir le sujet ont d’ailleurs dû essuyer des attaques et répressions de la part de la population locale. Et c’est sans compter sur l’aide du gouvernement qui tente de museler le plus possible l’information.

Au niveau national, le sujet est donc peut traité. Cependant, un pureplayer d’information birman appelé Rohingya Blogger consacre de nombreux articles à tout ce qui touche à ce génocide silencieux.  Le site est disponible en Anglais ainsi qu’en Birman.

Copie d'écran de la page d'accueil du site d'informations birman Rohingya Blogger

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