La révolution des crayons rouges pointe du doigt la censure en Malaisie

L’Asie n’est certainement pas le continent le plus réputé pour sa liberté de la presse. Que ce soit la Chine, la Thaïlande, le Cambodge ou encore la Malaisie, ces pays se trouvent en bas du classement de la liberté de la presse selon le dernier rapport de Reporters Sans Frontières.

Photo de Sam Ruslan, Copyright @Demotix (4/1/2014)

Photo de Sam Ruslan, Copyright @Demotix (4/1/2014)

Le gouvernement malaisien suspend provisoirement la publication d’un hebdomadaire

La Malaisie, qui se situe à la 147ème place sur un total de 180 pays selon le même classement de 2014, a d’ailleurs récemment été le théâtre d’une révolution de journalistes suite à la suspension de la publication d’un magazine hebdomadaire The Heat en décembre dernier. Une décision prise par le ministère de l’intérieur suite au changement de ligne éditoriale du magazine. Ce dernier serait en effet passé de la catégorie « économique et sociale » à la catégorie « actualité », ce qui n’est pas sans déplaire au gouvernement, qui reproche également au rédacteur en chef de traiter une information qui s’apparente plus à un quotidien qu’un mensuel.

Certains affirment quant à eux que les réelles raisons qui ont poussé le gouvernement à intervenir seraient la publication d’un article en novembre 2013 concernant les habitudes de consommation du Premier Ministre Najib Razak et de sa femme.

Reporters sans Frontières a d’ailleurs déclaré « Cette mesure, qui intervient quelques semaines après la parution d’un article critique envers le Premier ministre Najib Tun Razak et pour un motif discutable, montre bien l’intention des autorités de sanctionner le magazine. Ce n’est pas la première fois que le ministère de l’Intérieur intervient pour entraver la liberté de l’information. »

Les crayons rouges, symbole de la montée de la censure

Face à cette situation, les journalistes malais ont réagi  début janvier 2014 en formant un mouvement de « coalition » informel appelé Angry Media Mouvement (Mouvement de colère des médias). Ils ont alors organisé une manifestation appelée « Les crayons rouges », en référence au fait que les journalistes qui participaient à l’évènement étaient équipés de crayons rouges qu’ils cassaient en deux, symbolisant l’aggravation de la censure en Malaisie. Le mouvement est tout de même parvenu à rassembler plus de 200 personnes dans le centre de Kuala Lumpur.

Fathi Aris Omar, éditeur du site d’informations Malaysiakini a expliqué plus clairement le symbole clé du mouvement : « Le crayon rouge représente les journalistes qui étaient blessés (dans le passé, par les autorités) et la culture du contrôle par les pouvoirs.  Ecoutez le son lorsqu’il casse. C’est la souffrance des journalistes et des média lorsqu’il est brisé ». 

La suspension de l’hebdomadaire a été levée en janvier dernier par le gouvernement. L’hebdomadaire a donc été autorisé à reprendre ses activités, sans aucune demande de changement quant au contenu des publications.

Lancé en septembre 2013, The Heat est le premier média à avoir été suspendu par l’administration Najib, au pouvoir depuis 2009.

Reportage en Anglais concernant le contrôle du gouvernement sur les médias malaisiens