Bangkok : les journalistes s’équipent de drones pour couvrir les manifestations

Alors que de nombreux pays occidentaux sont confrontés à des réglementations très strictes concernant l’utilisation des drones en tant qu’outil journalistique, on ne s’attendait certainement pas à ce que la Thaïlande, un pays où la liberté de la presse laisse à désirer, autorise l’utilisation de ces caméras aériennes pour prendre des photos. Et pourtant, certains médias thaïs n’ont pas hésité à se lancer dans l’aventure.

Un journaliste équipé d'un drone se prépare à couvrir les manifestations à Bangkok / Capture d'écran du quotidien The Nation

Un journaliste équipé d’un drone se prépare à couvrir les manifestations à Bangkok / Capture d’écran du quotidien The Nation

Les médias thaïs l’ont bel et bien adopté : le drone est devenu l’outil de prédilection des reporters au pays du sourire. Les manifestations et la crise politique qui s’est abattue sur le pays au cours de ces derniers mois a d’ailleurs été l’occasion de tester cette nouvelle technologie, de quoi se retrouver au plus près des événements. C’est notamment les deux principaux quotidiens anglophones du pays qui se sont lancés les premiers : Bangkok Post et The Nation. Jusqu’à maintenant, les médias utilisaient une couverture médiatique plutôt classique, c’est donc ici un réel bouleversement journalistique qui est en train de voir le jour. L’utilisation de drones a permis notamment de réaliser des photos panoramiques des rassemblements de manifestants vus du ciel. De quoi donner un aperçu plus que réaliste du nombre de personnes venues demander la démission de la première ministre Yingluck Shinawatra. Des images de qualité, une vue d’ensemble, bref, un résultat qui donne le vertige.

Le photographe Pattarachai essaie un autre angle afin donner une idée de la taille de la foule. Photo prise lors d'un rassemblement de manifestants à Bangkok

Le photographe Pattarachai essaie un autre angle afin donner une idée de la taille de la foule. Photo prise lors d’un rassemblement de manifestants à Bangkok

La prise de photos avec un drone : un rendu plus réaliste que jamais

En effet, cela permet d’avoir une idée beaucoup plus précise du nombre de manifestants lors de ces rassemblements. Sans l’utilisation de drones, il est très difficile d’estimer le nombre de personnes réunies. La police a tendance à sous-estimer le nombre de personnes tandis que les organisateurs de l’événement n’hésitent pas à gonfler les chiffres pour que le mouvement ait plus d’impact. D’après le quotidien The Nation,

“c’est grâce à cette technologie que nous avons maintenant un moyen efficace de comprendre la situation (les manifestations).Que ce soit à travers des photos ou des vidéos, les drones montrent exactement ce qui se passe à partir d’un point de vue élevé, offrant une autre source d’information sur l’évènement. »


Une bonne alternative économique également selon Sarot Meksothawannakul, photographe au Bangkok Post et pilote de drone, qui souligne en effet que l’utilisation de cet outil est le moyen idéal pour avoir une vue aérienne sans passer par l’emploi d’hélicoptères plus coûteux.

Bien entendu, cette technologie n’est pas sans limites : le drone n’est pas indépendant, il faut compter au minimum deux personnes pour le piloter. Et ce n’est pas chose facile. Certains journalistes ont d’ailleurs rapporté à The Nation que leurs drones avaient dû passer plusieurs fois par la case réparation après leur utilisation.

Un grand pas pour le journalisme thaïlandais

Toujours est-il que l’utilisation de cette technologie est une réelle avancée pour le journalisme dans un pays qui a la réputation d’être mauvais élève quant à l’innovation numérique de ses médias. Les restrictions gouvernementales sur l’utilisation d’Internet et la liberté de la presse sont un réel frein pour les médias thaïlandais qui peinent à s’aligner sur les pays occidentaux.  De quoi donner une lueur d’espoir quant à l’évolution des usages médiatiques du pays.